Vue d’ensemble du MDT
Le Diagnostic et la Thérapie Mécanique® (MDT) développée par Robin McKenzie est un protocole scientifiquement prouvé1-4 d’évaluation et de prise en charge de patients présentant des problèmes de colonne et/ou d’extrémités. De nombreuses études ont montré que le MDT offre un système d’évaluation qui permet de classifier les patients en sous-groupes homogènes de façon reproductible5.
L’évaluation proposée dans le MDT donne les moyens au thérapeute de procéder à un triage diagnostique efficace et pertinent des patients, tout particulièrement dans le cadre de douleurs vertébrales. Le cas échéant, cela permet d’identifier les patients qui présentent des contre-indications ou dont les douleurs ne sont pas mécaniques6. Ces derniers seront adressés à un spécialiste. Des études de qualité ont montré que la majorité des patients présentant des problèmes mécaniques de la colonne vertébrale répondait favorablement à des exercices spécifiques effectués dans le sens de leur préférence directionnelle. Ces exercices directionnels se montrent très supérieurs à des programmes d’exercices non-spécifiques7. Quand il existe une préférence directionnelle (ce qui est le cas pour une forte majorité de patients), l’utilisation d’exercices qui en tiennent compte bénéficie d’une validation de grade A8.
La combinaison de conseils posturaux et l’application d’exercices individualisés prescrits par un praticien formé en MDT permettent aux patients de se gérer eux-mêmes. Ce processus encourage la responsabilisation du patient et lui donne les moyens de soulager ses douleurs quand elles surviennent9,10. Cela aboutit aussi à une plus grande satisfaction envers le traitement et à une meilleure utilisation des ressources de santé9,10.
Références:
- McKenzie and May 2000, 2003, 2006,
- May and Donelson 2008,
- Chorti et al. 2009,
- Clare et al. 2004.
- May et al. 2006
- McKenzie and May 2003.
- Long et al. 2004, 2008.
- Manca et al. 2007,
- Machado et al. 2010.
Vidéo MDT sur Robin McKenzie
Descriptif du Diagnostic et la Thérapie Mécanique® (MDT), aussi connue sous le nom de Méthode McKenzie®
Le bilan
Le MDT fait appel à un modèle d’évaluation qui permet au praticien de classifier la majorité des patients en sous-groupes homogènes. Dans ce système de classification, il y a principalement 3 sous-groupes ou syndromes. Chaque syndrome présente des caractéristiques cliniques bien définies lors de tests mécaniques. La classification du patient détermine la stratégie de traitement.
Brièvement, le syndrome de dérangement implique une obstruction/blocage dans une ou plusieurs articulations. Dans le syndrome de dysfonction la douleur survient lors de la mise en contrainte de tissus mous qui ont été structurellement altérés. La douleur du syndrome postural survient lors du maintien prolongé de la mise en charge de tissus mous.
Pendant l’interrogatoire, le praticien formé au MDT questionnera le patient minutieusement sur l’effet des mouvements et des positions qu’il adopte dans ses activités quotidiennes sur ses symptômes. Lors de l’examen physique, le thérapeute attachera une attention toute particulière au résultat des tests de mouvements répétés. Lors de ces tests, le patient rapporte l’effet des différentes directions de mouvements sur ses symptômes. Pour les patients qui consultent pour des problèmes rachidiens, des changements rapides interviennent dans 50 à 70 % des cas (cela est largement conditionné par le caractère récent ou plus ancien des symptômes). En particulier, il est fréquent qu’une direction de mouvement induise un déplacement de la douleur perçue par le patient d’une localisation distale à une localisation plus proximale ou plus centrale. Robin McKenzie a été le premier à décrire cette occurrence clinique sous le nom de phénomène de centralisation. Elle a été documentée, depuis, par de nombreuses études de qualité. Lorsqu’il survient, le pronostic est très favorable comparé aux patients « non-centralisateurs » 1,2.
La centralisation s’accompagne aussi le plus souvent d’une amélioration rapide des amplitudes articulaires. Cet ensemble de caractéristiques cliniques permet, lorsqu’il se produit, de classifier les symptômes du patient dans le syndrome de dérangement. Les patients qui présentent ces caractéristiques cliniques constituent le sous-groupe de patients le plus fréquemment retrouvé en MDT dans l’évaluation des problèmes rachidiens.
Le fait que les praticiens bien formés au MDT soient en mesure d’identifier en 2 ou 3 séances les patients avec des pathologies qui ne répondent pas au MDT est un aspect important de l’évaluation. Ces patients peuvent alors être immédiatement orientés vers des spécialistes appropriés, ou vers des investigations médicales supplémentaires.
Références :
- Werneke et al, 1999, 2005, 2008
- May and Ania 2012
La classification
Les patients sont classifiés par syndrome à partir de leur présentation clinique :
- Le syndrome de dérangement
- Le syndrome de dysfonction
- Le syndrome postural
- La catégorie « AUTRES »
- Qui elle-même comprend des sous-groupes spécifiques
Toutes les classifications ont des définitions cliniques précises et mutuellement exclusives pour permettre une identification aisée.
Lors des tests cliniques, l’interrogatoire et la réponse symptomatique du patient permettent d’identifier chaque syndrome en fonction de ses spécificités. Le MDT propose un système de classification complet. Le groupe « AUTRES » est par nature hétérogène et comprend divers sous-groupes avec, en particulier, les pathologies graves (cancer, fractures etc.), toutes les pathologies non-mécaniques (par ex. la spondylarthrite ankylosante), les syndromes de douleurs chroniques « vraies » (dans lesquels le problème mécanique n’est plus prépondérant) etc.
Management/Traitement
Une fois que la présentation clinique du patient a été classifiée dans l’un des 3 syndromes, une stratégie de traitement appropriée peut être mise en œuvre. Dans le syndrome de dérangement, le patient effectue des exercices dans la direction de mouvement qui centralise la douleur et/ou entraîne une réduction durable de l’intensité des symptômes (préférence directionnelle). Dans le syndrome de dysfonction, les exercices sont prescrits pour remodeler les tissus structurellement altérés pendant une période d’au moins 6 à 8 semaines. Dans le syndrome postural, le patient doit apprendre à éviter le maintien prolongé de positions de fin d’amplitude, et à maintenir un bon alignement postural.
L’approche MDT met l’accent sur l’éducation et l’implication active du patient. Les patients sont encouragés à se traiter eux-mêmes et à être les acteurs principaux de leur propre guérison. De ce fait, les exercices effectués par le patient sans intervention du thérapeute sont utilisés en première intention. Cependant, des techniques de thérapie manuelle font partie intégrante de l’approche MDT. Si nécessaire, elles seront utilisées ponctuellement pour aider le patient à passer un cap et lui permettre de mieux s’auto-traiter.
Prévention
Les patients apprennent à se traiter par eux-mêmes avec des mouvements et des postures spécifiques. Par la suite, les mêmes stratégies pourront être utilisées pour prévenir la récurrence des symptômes. C’est un aspect fondamental, car l’épidémiologie des douleurs musculo-squelettiques, et tout particulièrement les douleurs rachidiennes, montre qu’elles sont par nature très souvent récurrentes. Il n’est pas rare qu’au fil des rechutes successives, une aggravation de la sévérité ou de la durée des épisodes se produise. Prévenir la récurrence est donc au moins aussi important que soulager l’épisode en cours. Si une récurrence devait survenir, il importe que le patient soit en mesure de réagir rapidement et de façon autonome.